En rangeant ma bibliothèque, je suis tombée sur un vieux poche de Thomas Hardy que je n’avais pas lu. Le titre me parlait car il avait été adapté au cinéma : Tess d’Uberville. J’ai décidé de le lire et j’ai été séduite par la dimension dramatique de l’histoire, la critique sociale et le style, proche d’auteurs anglais contemporains, le pessimisme en plus. En recherchant d’autres ouvrages, j’ai eu du mal à en trouver car l’auteur commence depuis peu à être enfin réédité. Depuis, je dévore ses principaux romans  : on y retrouve une histoire profondément marquée par les moeurs sociales de l’époque et leurs critiques parfois virulentes, une empathie pour la campagne anglaise dont les descriptions sont impressionnantes de vérité, une densité des personnages confrontés à des situations terribles.

Architecte de formation, Thomas Hardy (1840-1928), poète avant tout, influencé par Charles Darwin et Auguste Compte, est venu au roman tardivement. Exécrant la société londonienne, il n’aura de cesse de la critiquer et de mettre en relief les contradictions de la société anglaise et de ses classes. Un premier tour de mes lectures de cet auteur à découvrir et redécouvrir.

Tess d’Uberville ou le destin dramatique d’une jeune et jolie paysanne séduite par un seigneur perverti, un archétype de situation qui dénonce les stéréotypes du mariage et fit scandale à sa parution. On s’attache à cette jeune fille dont le destin semble tracé et qui n’a de cesse que de vouloir y survivre. Romantique et sombre, une vision inquiétante de l’homme dans son rapport à la femme.

 

Le retour au pays natal évoque le destin croisé de cinq personnages autour du retour au pays du jeune et séduisant Clym, après un séjour en France. Dans cette lande magnifiquement dépeinte, on suit avec délectation les atermoiements amoureux des personnages dont les mariages ne vont pas toujours faire leur bonheur. Largement critiqué à sa parution en 1912 pour sa vision noire du couple, ce roman féroce se parcourt avec délectation.

 

Loin de la foule déchainée raconte le destin de Batsheba, jeune et jolie femme, héritière d’un vaste domaine anglais. Entre l’intendant et fidèle Gabriel, soutien indéfectible de la jeune femme et le dandy qu’elle n’a de cesse de vouloir épouser, pas sur que le choix lui sera profitable. Le premier roman de Thomas Hardy qu’on lit comme une saga épique autour de l’argent, la représentation sociale et l’amour. Un régal.

 

 

Jude l’Obscur raconte une histoire d’amour, une histoire d’adultère assumée. Le roman paru en 1901 fit tant scandale qu’on brula le livre publiquement ! Thomas Hardy abandonna pour longtemps l’art romanesque après ce scandale. La destinée chaotique de Jude, incapable de trouver sa place dans la société, étudiant pauvre mais passionné, tailleur de pierre pour vivre mais soumis à ses passions sensuelles, le conduise à épouser une femme qu’il n’aime pas vraiment, à tomber amoureux d’une femme mariée, à faire trois enfants hors mariage. Mis au ban de la société bien-pensante, le drame n’est pas loin. Sombre, immoral et haletant, on suit les tribulations de personnages avec impatience. 

J’achève cette première sélection par la lecture du roman Hiver qui retrace sur la base d’éléments historiques véridiques les dernières années de la vie de Thomas Hardy.

Bien documenté, il décrit la dernière passion amoureuse de l’auteur de 84 ans pour une jeune actrice amateur de 30 ! L’occasion d’avoir des précisions notamment sur la genèse du roman Tess d’Uberville.

Bonnes lectures !